Evelyne Leroy
Conversation sur un banc
D’après un tableau d’Évelyne Leroy
Un banc de soleil et d’ombre
Abrite les rencontres
Tous les jours, à heure fixe, il est là par hasard
Avec des images à partager,
Des petits riens d’une vie ordinaire
Des petits riens qui s’échappent du temps
Là où la maison de retraite laisse des vides.
Il dit ces souvenirs qui le poursuivent
Qui l’aident à passer d’un jour à l’autre,
À évoquer moments tristes et moments joyeux.
Appuyé sur sa canne
Il happe le passant
Celui qui a un instant,
Une oreille à offrir
Même si l’autre l’écoute du bout de l’esprit.
Un passant, parfois le même parfois un autre
Écoute parler d’une femme qu’il ne connaitra jamais
Dont le temps a gommé les défauts,
Il écoute les conseils de jardinage
Sans dire qu’il habite au quatrième étage.
Il écoute parce que c’est son rôle d’écouter
C’est son rôle de passant
Qui sait que cela fera passer les heures
Un chien l’accompagne,
Qui est comme lui, patient
Qui accepte une pause obligée dans la promenade
La voix de l’homme est un ronronnement rocailleux
Une voix à la Gabin …. Une voix venue de son cinéma personnel
Qu’un hochement de tête suffit à relancer
Il reviendra un jour ou un autre
Sur ce même banc
Peut être lui, peut être un autre
Et pendant ce temps, …..Un peintre passe
Textes des Lundis de l’équitable du 2 mai 2011