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CENACLE DE DOUAYEUL
27 août 2011

SUPPLÉMENT AUX FEUILLES JUIN / SEPTEMBRE

Née à Paris, Audrey Bernard a résidé une bonne partie de sa vie à Boulogne sur mer, ville qu’elle aimait et où elle puisait toute sa vigueur d’inspiration dans les rivages de ses côtes avec la perspective infinie de la mer

Onze recueils jalonnent son parcours poétique Un de ses premiers ouvrages avait été très tôt reconnu « par la rose et le sable » et couronné par la spaf (société des poètes et artistes de France) Au fil des ans, elle recueillit de nombreux prix parmi lesquels le Prix Marcelline Desbordes-Valmore –de la Société  des poètes Français Le Prix de la ville d’Angers et même le prestigieux Prix Max-Pol Fouché ( 1987) pour « la nuit des Hespérides » Les présentations-préfaces de ses ouvrages furent également signées de noms illustres (Jehan Despert, Jean-Paul Mestas , Edouard Glissant Pierre Dhainaut etc …) Elle avait également ses entrées dans beaucoup de revues et dans plusieurs anthologies.

Elle fit partie de quelques associations poétiques entre autres Bulle en ternois de son amie Jeanne Maillet Elle était également peintre et conférencière 

Elle est décédée en mai 1997 et fut enterrée dans le cimetière de Boulogne sur mer auprès de son époux Jacques Douézi

Un long compagnonnage en poésie avec Audrey Bernard

 

Audrey Bernard et jeanne Maillet

Vingt ans de "compagnonnage" en poésie (I977-I997) cette dernière date étant celle de la mort d'Audrey Bernard (un 3O Mai) voilà ce que fut un temps  d'amitié forte et belle avec ce poète.

Deux anecdotes sont assez significatives, du moins à mes yeux - et aux siens - nous qui portions un intérêt majeur aux signes adressés par la vie: j'ai rencontré pour la première fois Audrey lors d'une séance de remise de prix (dont le thème était  l'eau)à Bruay-en-Artois Salle de l'Hôtel de l'Univers (ce qui était déjà tout un programme), cet "univers" se voulant un "royaume". Et ma dernière visite à elle alors très malade et affaiblie, eut lieu dans son appartement de la résidence "Héliodore" à Boulogne-sur-Mer, rue de la Paix. Tout un programme encore que cette "Porte du Soleil" (tant cherchée) et cette rue de la Paix (enfin trouvée pour elle, la batailleuse.)

Voila pour ce genre de réflexions qui sont loin de  me paraître anodines.

Quant à l'itinéraire poétique d'A. Bernard, elle me devança de très peu et par le même biais: celui de la participation à la Société des Poètes et Artistes de France où officiait alors en grand maître, à Cysoing, Clovis Sergeant (cet excellent poète, à l'œuvre trop méconnue). Elle y obtint d'emblée le Grand Prix (I976) avec un manuscrit "Par la Rose et le Sable", livret qui contenait déjà ou à peu près l'essentiel de sa pensée et de son écriture poétique.

 

 

 

Prix Max Pol Fouchet avec le titre "La nuit des Hespérides", livret préfacé par Édouard Glissant, poète Martiniquais récemment disparu.

À St Pol sur Ternoise, au Cercle Poétique (qui connut 25 belles années d'existence) on se souvient du passage d'Audrey avec les "causeries" qu'elle y donna ( 6 ) et deux expositions de ses peintures (car elle aimait aussi taquiner le pinceau ou confectionner des "collages" toujours très symboliques, voire énigmatiques ? Mais ces expositions et prestations toujours dans la plus belle et chaleureuse ambiance artistique (ceci au Musée local de la Ville)

Nous eûmes aussi le privilège d'être toutes deux reçues en Écosse, à Édimbourg, par la Poetry Society of Scotland, grâce à l'intermédiaire d'un ami poète commun, spécialiste de Marie Stuart : Robin Bell.

Dans sa ville de Boulogne sur Mer, A Bernard poursuivait la même quête artistique (avec les Cahiers du Vieux Boulogne auxquels elle coopérait) en étant guide pour les Monuments Historiques dans divers circuits de la ville.

Que ce bref survol de la vie d'un poète ne soit pas trop réducteur!

Je pourrais mentionner aussi ces pierres voisines à Tournai,  à "l'escalier des poètes" où est gravée sur la sienne cette belle pensée: "Toute moisson est à venir pour l'homme délivré du temps".Celle que j'occupe, un peu plus bas portant celle-ci :"Soleil, compagnon de nos haltes pensives".

La poésie, chez Audrey, se vivait au gré d'humeurs, de compromis avec le quotidien, de vastes doutes sur notre vraie place dans la vie. Il est bien possible que sa personnalité fût "double" (à la manière d'un Janus à deux visages) et qu'elle n'en présentât que le côté qui l'arrangeait (ou qui la dérangeait le moins, sur le moment!)

Son talent et sa "force" poétique s'imposent cependant par cette alliance de mystère et de majesté, de puissance d'imagination qui pouvait aller jusqu'à la vision, sorte de projection mentale des êtres et de la destinée apocalyptique de notre Terre!

Ces Feuilles de poémier accueillent aujourd'hui dans leur arbre  fraternel ces lignes d'un singulier à-propos:

"Gardez-moi encore un peu dans la maison de feuilles"

Est-ce là encore un beau clin d'œil du Temps et de la Poésie?

Dans ces pages donc, Audrey Bernard repose avec sérénité?

Jeanne Maillet

QUELQUES TEXTES D'AUDREY BERNARD

 

Sur l’allée sombre du canal

le silence des cygnes

hante l’automne

perpétue l’immobilité du lieu

dans l’enceinte de pierre

à l’abri du temps

 

La mort qui vit en toi

installe ses fuseaux

tisse déjà le suaire du silence

            offrande épanouie

toute naissance est à parfaire

dans l’aberration des désirs

 

La mousse aux pentes des terrasses

et sur les marches oubliées

la fissure du temps s’affermit

Des insectes de couleur

griffe l’eau morte des fossés

entre les gestes des roseaux

 

Silence à l’approche de l’hiver

solitude pour les yeux

 

Voyage entre les iles (Béné- Nîmes 1980)

 

Vivre à l’encontre du poème

Quand tout désir est aboli

 

Le pain sur la table à midi

c’est le soleil sans artifice

Sans ton pied nu

l’insecte au noir venin proteste

 

Il faudrait l’eau de la mémoire

pour tapisser d’azur les murs lointains

pour ouvrir en riant la porte aux cent rumeurs

 

Sursis pour une aube

 

Encore un peu …

nos regards se rappellent

la fraicheur des matins

sur le sable engourdi

le ciel en camaïeu

au tablier des lavandières

 

Le vieux langage ressuscite

Un oiseau feu secoue les mots

pour nous perdre dans son miroir

 

Dans ce Pays comme au début du monde

Collaboration avec Jeanne Maillet et

 Jean-Paul Mestas (Barre Dayet coll. jalons)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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