TEXTES ÉCRITS À L'ÉQUITABLE -- SOIRÉES 2009-2010
D’après « le feu » de Judith DEBRUYN
Le dragon l’a emportée
Loin, si loin.
Elle s’est lovée en lui,
Douce Ève
Au corps abandonné,
Lisse, épuré,
Purifiée par le feu.
Elle est d’air et d’eau
Et ne craint pas
Le feu qu’elle apprivoise
Et qui l’emporte
Dans la forêt intemporelle.
Pour elle, il adoucit
Son corps rugueux
Il couche ses écailles
Pour ne pas blesser
Sa « gracieuse » qui l’a séduit
Et apaisé de ses colères
De ciel d’orage
Ils célèbreront
La fusion de leurs âmes
Dans cet autre temps
D’amour et de mystère.
Texte créé avec les participants aux lundis de l’Équitable le 7 juin 20
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La ville imaginaire d’après l’œuvre de
Newzad Menaf
Elle rêve, elle rêve,
Son corps alourdi de fatigue
Les travaux de la journée l’ont ravagée
Et dans la nuit soudain fluide
Elle rêve, elle rêve
D’un endroit magique, fleurit
Où les minarets auraient des rosaces de cathédrales
Où le petit chaperon serait vert ou bleu
Où les hommes perchés s’envoleraient à l’aube
Elle rêve, elle rêve
De pensées voyageant d’esprit en esprit
De mains agiles caressant la lune
De fleurs légères poussant da&ns les airs
D’une ville flottant dans une lumière ocre
Elle rêve, elle rêve
De graines semées par des mains divines
D’où germeraient des villes et des campagnes
Des rivières et des rues
Dans un espace d’infinie dimension
Paisiblement entre deux soleils
mai 2010
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D’après « les yeux d’Elsa » de David Leclerc
Qui es-tu belle étrangère ?
Ta longue chevelure
Cache tes larmes qui brillent encore
Au bord de tes cils.
As-tu fuit ton pays du désert ?
As-tu fuit une famille, un mari, un père ?
Toi seule sais de quoi est faite ta nostalgie
Toi seule sais la peur qui empêche de penser
Tu sais que la folie s’éteint entre deux mondes
Là où les souvenirs se reposent
Après une attente interminable
Mais un jour, tu te tourneras à nouveau
Vers la lumière
Et le rêve habite déjà ton regard.
Texte collectif fait le lundi 1er mars
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Culture malmenée
D’après le tableau « le livre » de Jacques Lefèvre
Livre est de papier froissé,
Quelquefois déchiré
C’est la faute des mots
Si le livre est placardé
Crucifié, victime de l’autodafé
C’est la faute des mots
Si le temps s’échappe de l’histoire
Si la connaissance descend et se répand
C’est la faute des mots
Si le squelette démembré d’une histoire
Répand la sève nourricière de la page
C’est la faute des mots
Si l’émotion jaillit et tombe dans la coupe du temps
Si l’imaginaire déborde des paroles qui s’envolent
C’est la faute des mots
Si le monde refuse la connaissance
Si le livre pleure
Et que les mots passent
Décembre 2009